L’édition 2024 de la Grande Enquête du Digital Learning (Féfaur, Innovative Learning by eLearning Expo) met en évidence que les budgets de formation en entreprise et les prévisions de croissance du marché du Digital Learning pour 2024 révèlent différentes attentes entre, d’une part, les services formation et, d’autre part, les fournisseurs du Digital Learning (contenus, services, technologies)… Une divergence d’appréciation qui, compte tenu de ses implications potentielles, mériterait d’être éclairée (par exemple, par une meilleure communication entre l’offre et la demande)…
La prudence des services formation
Les données tirées de la Grande Enquête du Digital Learning, dans la restitution qui en a été donnée au récent salon Innovative Learning by eLearning Expo indiquent que seulement 18,8 % des services de formation anticipent une augmentation de leur budget dédié au Digital Learning en 2024, dont 4,2 % prévoyant une « forte hausse ». En revanche, une majorité de 62,5 % des services formation s'attend à un budget stable, tandis que 18,7 % prévoient une baisse. Cette prudence est de mise après les gros investissements réalisés lors de la pandémie du Covid, car il s’agit également, pour les services formation, de faire un retour d’expérience sur cette période, notamment en matière de modalités de formation (par exemple, faut-il continuer de miser autant sur le « live distanciel » (classes virtuelles) ou rééquilibrer par un présentiel qui remonterait ainsi en puissance ?) et de technologies numériques de formation (parmi toutes les innovations dans lesquelles les entreprises ont investi, lesquelles créent vraiment de la valeur ?). Par ailleurs, arrivée récemment, l’IA générative contient un tel potentiel de rupture dans la formation, qu’elle nécessitera sans doute d’importants investissements dans les prochains exercices. Enfin, et c’est peut-être le plus important, ne sous-estimons pas les contraintes budgétaires globales qui se font jour dans les entreprises : les marchés envoient des signaux contradictoires qui peuvent susciter qu’on attende d’y voir plus clair.
Optimisme prononcé du côté des fournisseurs
Du côté des fournisseurs, l'optimisme est nettement plus marqué. Une majorité écrasante de 66,3 % des fournisseurs envisage une croissance du marché, dont seulement, toutefois, 1,3 % anticipent une « forte hausse ». Seuls 27,5 % des sondés considèrent que le marché restera stable et une minorité de 6,3 % s'attend à une baisse. Cet optimisme des fournisseurs est notamment motivé par l’introduction de nouvelles technologies qui entretiendront le mouvement, largement constaté, d’une généralisation en cours du Digital Learning. Il traduit également la jeunesse de nombre d’acteurs, qui, pour certaines startups, ont souvent levé des fonds importants à partir de « business plans » optimistes (on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre). C’est heureux, car un entrepreneur qui n’est pas enthousiaste à l’idée d’un avenir radieux, ferait mieux de s’abstenir ! Ce qui interroge, c’est plutôt la divergence d'appréciation de ces regards croisés sur les perspectives de marché : l’écart entre la perception des services de formation et celle des fournisseurs soulève des questions importantes sur l'alignement des attentes en matière de digital learning. Alors que les fournisseurs semblent parier sur une adoption croissante des technologies d'apprentissage numérique, les entreprises restent prudentes.
Cartes sur table
Les fournisseurs pourraient bénéficier d'une réévaluation de leurs prévisions (sans pour autant verser dans le pessimisme) à l'aune des attentes plus mesurées de leurs principaux clients, un décalage trop important entre l'offre et la demande pouvant conduire les fournisseurs à des investissements mal alignés, y compris des recrutements trop téméraires, et à une saturation du marché non réceptif. Cette divergence entre les attentes des services de formation des entreprises et la vision des fournisseurs de Digital Learning met en lumière le besoin d’un « cartes sur table », d’un dialogue continu pour mieux synchroniser les offres avec les attentes réelles du marché. Les deux parties pourraient gagner à adopter une approche plus collaborative pour aligner les stratégies de développement du Digital Learning avec les besoins et capacités réels des entreprises. Pour que le marché du Digital Learning atteigne son plein potentiel en 2024, une meilleure communication entre fournisseurs et entreprises apparaît donc essentielle. Un ajustement des perspectives pourrait non seulement prévenir une éventuelle déception, mais aussi ouvrir la voie à des innovations plus ciblées et réellement bénéfiques pour le monde professionnel.
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